Allaitement prolongé, pourquoi pas ?

En Amérique du Nord, il est atypique d’allaiter un bambin.

Pourtant, une bonne partie de la population mondiale est toujours allaitée après un an. De plus, nous savons que les générations précédentes poursuivaient l’allaitement jusqu’à ce que leurs enfants aient trois ou quatre ans.

Pourquoi continuer ?

La première réponse à cette question : pourquoi arrêter? Bien peu de mères, en apprenant qu’elles sont enceintes, se donneront un objectif d’allaitement prolongé. C’est au fil des jours, une tétée à la fois, qu’on se rend compte que le temps a passé.

Voici quelques arguments pratico-pratiques, basés sur la recherche scientifique :

Avantages pour la santé de l’enfant 

  • Le lait maternel continue, tout au long de l'allaitement, à être un aliment de premier choix pour l'enfant
  • Le lait humain s’adapte selon l’âge du bébé, le stade et la fréquence de la tétée, le moment de la journée, etc.
  • Le lait maternel est une source particulièrement importante d'énergie, de protéines et de nutriments de grande valeur pour les enfants de plus d’un an.
  • Les facteurs immunologiques continuent aussi à être présents et à protéger l'enfant. Leur concentration augmente dans le lait à mesure que l'enfant grandit et que la fréquence d’allaitement diminue.

Avantages pour la santé de la mère 

  • Un retour tardif des menstruations, aidant à préserver les réserves de fer et à espacer les naissances.
  • Une diminution du risque de cancer du sein, de l'utérus, des ovaires ou d’ostéoporose.
  • En fonction de l’activité physique de la mère, de son âge, de son apport nutritionnel et de son état de santé antérieur, une perte de poids et de gras corporel est possible.

À retenir

L’Organisation mondiale de la santé recommande l’allaitement jusqu’à deux ans, et même au-delà, tant que la mère et l’enfant le souhaitent.

Le rôle de la mère est de faire évoluer la relation d’allaitement selon l’âge de l’enfant. Le nourrisson a besoin qu'on réponde sans délai à sa demande. Chez un enfant plus grand, la demande de téter est multiforme et peut être davantage adaptée au contexte. C’est la mère qui est la mieux placée pour juger des besoins de son enfant.

Le rôle de son entourage est de soutenir la mère dans cette démarche en l’encourageant positivement et en respectant ses choix pour elle et son enfant. Sans ce soutien, elle se sentira encore plus marginalisée et pourra avoir tendance à s’isoler pour rester à l’écart des commentaires négatifs.

Le rôle de la société est d’apprendre à évoluer en acceptant le choix de la mère dans le respect. En travaillant à changer vers une culture d’allaitement, on en viendra à rendre normal ce mode d’alimentation de l’enfant. Plus on verra d’enfants allaités, moins ce geste apparaîtra hors-norme. 

Références 

DIDIERJEAN-JOUVEAU, Claude. Téter et grandir, Feuillet 14 de La Ligue La Leche, France [En ligne] (page consultée le 12 février 2012)

ORDRE PROFESSIONNEL DES DIÉTÉTISTES DU QUÉBEC. Position de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec pour la création d’un environnement favorable à l’allaitement maternel, Bibliothèque nationale du Québec, septembre 2012, 12 pages.