Mon bébé a un frein de langue, ça veut dire quoi ?

On vous a dit que votre bébé avait un frein de langue ?

Vous ne savez pas trop ce que c’est, ni ce que vous devriez faire ?

Voici quelques informations de base pour vous aider à faire un choix éclairé et vous guider vers les ressources adéquates.

C’est quoi un frein de langue ?

En anatomie, un frein (ou frenulum) est une bande de tissu muqueux, plus ou moins épaisse, qui relie un organe à une partie du corps et qui peut en limiter le mouvement. Dans la bouche, on retrouve un frein de langue (lingual) qui peut être seulement sur la portion arrière de la langue (frein postérieur) ou s’étendre jusqu’à l’avant de la langue (frein antérieur). Il y a aussi un frein à chaque lèvre (labial supérieur et inférieur). Normalement, au courant de la grossesse, il y a un remodelage des tissus et cette bandelette se résorbe en grande partie.

Par contre, pour environ 5 à 10% des bébés, ce remodelage est incomplet et ils présentent une anomalie congénitale au niveau des freins buccaux. Ils sont parfois trop courts ou trop rigides; on les dit restrictifs, ce qui limite les mouvements de la langue ou des lèvres. Pour certaines dyades (duo mère-bébé), les difficultés que cela entraîne pourront être surmontées avec de petits ajustements alors que pour d’autres, des interventions plus poussées devront être effectuées pour assurer le succès de l’allaitement.

Quels sont les signes et symptômes ?

Certains indices peuvent indiquer la présence d’un ou de plusieurs freins restrictifs.

Ils ne sont cependant pas spécifiques, il est donc important d’effectuer une évaluation complète pour éliminer d’autres causes possibles.

Chez les bébés :  

  • Incapacité à prendre le sein ou à le maintenir en bouche
  • Incapacité à ouvrir grand la bouche
  • Perte de poids excessive ou gain de poids lent
  • Inconfort digestif (bébé avale beaucoup d’air)
  • Claquement de la langue ou succion bruyante
  • Somnolence au sein ou au contraire, bébé agité au sein
  • Bébé « mâche » le sein plutôt que de faire des mouvements de succion
  • Langue en forme de cœur, avec une « entaille » à l’avant, plate ou qui dévie vers le bas

Chez la maman :  

  • Mamelons sensibles, douloureux ou blessés
  • Mamelons écrasés ou en biseau après la tétée
  • Sensation de frottement de la langue sur le mamelon
  • Boires longs, inefficaces ou très fréquents
  • Insuffisance ou diminution de la production lactée
  • Engorgement ou mastite (résultant d’un transfert de lait au bébé insuffisant)

Quels sont les impacts de freins restrictifs ?

Les impacts des freins buccaux peuvent être multiples, pour le bébé, la maman et la famille. 

Évidemment, la première incidence sera sur l’allaitement, les difficultés apparaissant souvent dès la naissance ou leur de la montée laiteuse. Souvent, la maman essaie de multiples positions d’allaitement pour améliorer le confort. Elle visite les haltes-allaitement ou consulte médecin, sage-femme, accompagnante à la naissance, infirmière du CLSC. Elle appelle les organismes de soutien en allaitement et tente, avec tous ces bons conseils, d’améliorer la prise.

Mais les difficultés persistent, la douleur est toujours présente. Elle tente l’utilisation de la téterelle ou de crèmes pour apaiser la douleur. Elle envisage même le tire-allaitement. Ou alors, bébé ne prend pas assez de poids, il n’est jamais rassasié. Elle doit compléter avec de la préparation commerciale ou avec du lait qu’elle a tiré dans la journée.

Elle est épuisée, bébé aussi, la famille est à bout de souffle. Elle peut ressentir un sentiment d’échec ou de culpabilité, une forme de détresse peut s’installer. Et c’est parfois le début de la fin pour l’allaitement. Il se peut aussi que la situation se replace temporairement, mais les difficultés refont surface lors des poussées de croissance ou des périodes de développement « intenses » (6 à 9 semaines, 3 mois…)

Dans quelques cas, la nature est bien faite et l’accord est bon pour la dyade. La maman a une bonne production et le bébé s’accommode de la mobilité réduite de sa langue. Dans d’autres, le temps fait son œuvre. Une tétée à la fois, la situation s’améliore, l’allaitement devient confortable et bébé se porte bien. Pour y arriver, il faut une bonne dose de persévérance et un soutien adéquat de l’entourage et des professionnels de la santé.

Dans le prochain article, nous parlerons de ce qui peut être fait pour améliorer l’allaitement et augmenter le bien-être des familles dont le bébé a un frein restrictif. En attendant, si vous pensez que votre bébé est dans cette situation, n’hésitez pas à demander le soutien d’une marraine d’allaitement, elle saura vous guider vers les ressources appropriées.

Lisez le prochain article : Frein de langue: que peut-on faire?.

 

par Sophie Morel, IBCLC

Date de publication : 11 février 2019 - Republication : 10 janvier 2020

Références

CHOQUET, Julie. Frein de lange et allaitement, Conférence donnée dans le cadre de la Journée des professionnels de la DRSP, Montréal, 1e octobre 2018.

JAIN, Evelyn. Anterior and Posterior Tongue-Tie: A Comprehensive Guide to All Aspects in Breastfeeding Babies, Children and Adults, documentaire, Canada, 2012.

LLL INTERNATIONAL. The Womanly Art of BreastfeedingI, 8e édition. New York, Ballantines Books, 2010, 552 p.

NEWMAN, Jack et PITMAN, Teresa. Dr. Jack Newman’s Guide to Breastfeeding, 2e edition, Toronto, HarperCollins Publishers, 2014, 383 p.

WAMBACH, Karen et RIORDAN, Jan. Breastfeeding and Human Lactation, 5e edition, Burlington (États-Unis), Jones and Bartlett Learning, 2016, 966 p.